Un avocat sollicite une fin de non-recevoir à la candidature de la RD au Conseil des Droits de l’homme
Jodel Coupet, c'est le nom de cet avocat haïtien qui a écrit, à la date du 02 octobre 2023, au président du Conseil des Droits de l’Homme des Nations-Unies, Vaclav Balek, pour lui demander d'opposer une fin de non-recevoir à la candidature de la République Dominicaine dans le cadre des élections audit Conseil qui se tiendront le 10 octobre prochain.
Pour justifier sa demande, l'intéressé énumère un ensemble d'agissements racistes, xénophobes et discriminatoires effectués par la République Dominicaine à l'égard notamment des haïtiens qui, selon lui, sont en désaccord à la résolution 60/251 de l’Assemblée Générale des Nations Unies portant création le Conseil des Droits de l’Homme.
Cette résolution qui est une émanation de la charte des Nations Unies "fait obligation aux Etats membres du conseil de respecter les droits de l’homme et les libertés fondamentales de tous, sans distinction aucune fondée sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, les opinions politiques ou autres, l’origine nationale ou sociale, les biens, la naissance ou d’autres considérations. La résolution considère que la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme constituent le socle sur lequel reposent le système des Nations Unies…", soutient l'homme de loi.
Dans sa démarche, Me Coupet prend comme toile de fond la décision de la République Dominicaine, représentée par son président Luis Abinader de procéder à la fermeture de ses frontières avec Haïti avant de déployer son armée sur les lignes frontalières à cause de la construction d’un canal d’irrigation du côté haïtien par des agriculteurs sur la rivière massacre, un cours d’eau international, à Ouanaminthe. Une décision prise sans aucune considération des accords et traités, signés et ratifiés entre les deux Etats notamment les conclusions techniques de la commission binationale du 27 mai 2021, le Traité de Paix,d’Amitie et d’Arbitrage de 1929 (art 10) relatif à la gestion et l’exploitation par les deux pays des ressources hydriques.
Depuis l'adoption unilatérale de cette décision, c'est la chasse aux haïtiens en République Dominicaine par les autorités policières et de l’immigration, souligne l'avocat ajoutant aussi des cas de viol. Le cas de Stephy Graph Cadichon qui a été sexuellement abusée par un agent de l’immigration à l’aéroport international Las Americas devant son fils mineur de 4 ans au moment où elle s’apprêtait à voyager en partance vers Nicaragua le 24 septembre dernier, n'a pas échappé à son attention.
"La république dominicaine revendiquait toujours son statut d’Etat raciste et anti haïtien tout au long de son histoire par des actes clairs et significatifs notamment avec le massacre des haïtiens en octobre 1937 où 20 000 à 35 000 haïtiens furent tués incluant hommes ,femmes et enfants ; puis en septembre 2013,à la suite de l’arrêt TC 168-13 du tribunal constitutionnel ,l’Etat dominicain a enlevé la nationalité dominicaine à des dominicaines et dominicains noirs d’ascendance haïtienne créant ainsi une situation d’apatridie pour des milliers d’individus. Une décision qui a été condamnée par la Cour Inter américaine des droits de l’Homme en 2014 la qualifiant de discrimination raciale, violation de liberté individuelle, violation du droit à la garantie et la protection judiciaire", explique-t-il.
Au regard des faits évoqués, Me Jodel Coupet soutient que la République Dominicaine ne remplit pas les conditions essentielles définies dans la résolution 60/251 pour l’élection à un siège au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Parallèlement, il sollicite à ce que le conseil, sous recommandations de l’Assemblée générale, encourage la République Dominicaine à "développer des efforts en faveur de la protection et du respect des droits de l’homme notamment dans la lutte contre la xenophobie,le racisme, la discrimination raciale à l’égard des noirs, en général et Haïtiens, en particulier sur son territoire".
PLR
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