Le rapport annuel du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme met en évidence la détérioration de la situation des droits humains en Haïti due à la violence des gangs. Ces gangs criminels utilisent la violence armée pour commettre des crimes, ce qui a entraîné des conséquences humanitaires désastreuses. Les gangs recrutent également des enfants et les utilisent pour faciliter les enlèvements et les vols.
La corruption joue un rôle majeur en permettant aux élites de patronner les gangs armés, et le trafic d'armes illicites aggrave la situation. Les affrontements violents pour la terre entre les propriétaires terriens et certains membres des élites politiques locales sont également un sujet préoccupant.
Cette violence a un impact significatif sur les droits économiques, sociaux et culturels, limitant l'accès à l'éducation, à la santé et aux services sociaux. Le rapport souligne la nécessité de renforcer les capacités et d'apporter une assistance technique pour faire face à ces défis.
La violence des gangs a des conséquences graves sur les droits humains en Haïti. En 2023, au moins 4 451 personnes ont été tuées et 1 668 autres blessées à cause de cette violence. De plus, au moins 1 962 personnes ont été enlevées par des gangs. Les gangs utilisent également la violence sexuelle pour semer la peur et punir la population. Les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables, avec de nombreux cas de viols, y compris des viols collectifs.
Les enfants sont également victimes de violences liées aux gangs, subissant des traumatismes physiques et émotionnels graves. La violence des gangs restreint également la liberté de circulation des personnes et des biens, contribuant à l'inflation et mettant en péril les moyens de subsistance.
En conséquence de cette violence, environ 313 900 personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays en décembre 2023. La liberté d'expression est également limitée, avec une forte autocensure par crainte de représailles des gangs contre les journalistes, les professionnels des médias et les membres de la société civile.
Le rapport souligne les défis auxquels la Police Nationale d'Haïti (PNH) fait face. La PNH est confrontée à des problèmes tels que le manque de capacités pour dissuader et arrêter les gangs lourdement armés, le manque de personnel et un ratio police/population très bas.
En ce qui concerne la justice, cette dernière est confrontée à de nombreux défis, notamment le manque d'indépendance, le manque de ressources et la corruption. Le système de justice pour mineurs est confronté à des problèmes structurels, et le seul tribunal pour enfants opérationnel est paralysé en raison du contrôle exercé par les gangs dans la région. En ce qui concerne la justice pénale et pénitentiaire, le rapport note qu’une partie du budget alloué à l'administration pénitentiaire serait détournée en raison de la corruption. Les audiences pénales sont au point mort en raison de la paralysie persistante du tribunal pour enfants de Port-au-Prince.
Le rapport formule plusieurs recommandations, notamment l'engagement des autorités haïtiennes dans un dialogue significatif pour garantir une transition démocratique et faciliter l'organisation d'élections libres et équitables. Il est également recommandé de lutter contre la violence des gangs, de renforcer la Police Nationale d'Haïti, d'améliorer les conditions de détention et de mettre en œuvre des politiques globales pour faire face aux conséquences de la violence et de la mauvaise gouvernance.
Les États membres sont invités à soutenir la mise en place rapide de la mission MSS et à encourager la collaboration entre les acteurs humanitaires et de développement afin de trouver des solutions à long terme pour accéder aux services essentiels et traiter les causes profondes de l'instabilité.
Fritz Laventure
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