Maître André Michel fait le bilan de l’échec de Lesly Voltaire

Le 19 avril 2024, Lesly Voltaire, alors à la tête du Conseil de la transition politique (CPT), affichait une détermination sans faille sur les ondes d'une station de radio de la capitale : « le poisson pourrit par la tête, Ariel Henry n’avait pas la volonté politique pour résoudre le problème de l’insécurité et redresser l’État, nous allons le faire ». Cette déclaration, autrefois porteuse d'espoir, résonne aujourd'hui comme une épitaphe, gravée sur le tombeau de ce qui fut un échec retentissant.

Les derniers rapports des Nations Unies sont sans appel : plus de 5600 assassinats commis par des gangs armés et plus d'un million de déplacés internes sous le règne du CPT. La situation en Haïti s'est dégradée de manière alarmante au cours des derniers mois, et le bilan de Voltaire s'alourdit de jour en jour. La mission du CPT, chargée de rétablir la sécurité et d'organiser des élections, n'a pas été honorée. Le Conseil national de sécurité, théoriquement établi, n'a jamais vu le jour, laissant place à un vide institutionnel déconcertant.

Le voyage de Voltaire en Europe, où il a pu rencontrer le Pape François et Emmanuel Macron, a révélé un niveau d'improvisation qui frôle le ridicule. Les rencontres, plus symboliques que substantielles, ont été entachées de flou, sans conférence de presse ni suivi médiatique, laissant le peuple haïtien dans l'humiliation. Ses entretiens, notamment avec France 24, ont mis en lumière son incapacité à gérer les problèmes cruciaux du pays, renforçant l'idée d'un leader déconnecté de la réalité.

Sous sa direction, l'État a perdu le contrôle de nombreux quartiers, rendant le Palais national et l'aéroport de Port-au-Prince symboliques de l'impuissance du gouvernement. Les événements tragiques, tels que les massacres au Warf Jérémie et à Kenscoff, sont le reflet d'une situation sécuritaire désastreuse, où l'absence de protection pour les citoyens est devenue la norme.

Les accusations de corruption et de mauvaise gestion financière se multiplient, avec des millions de dollars détournés pour des projets fictifs et des dépenses somptuaires. Les forces de l'ordre, pourtant essentielles à la sécurité, ont été laissées à elles-mêmes, sans ressources pour faire face à la violence omniprésente. Le « budget de guerre », tant évoqué par le CPT, reste une illusion, piétinée par des dépenses extravagantes et des détournements de fonds.

À l'aube de son départ, Voltaire, dans un dernier acte de légèreté, a tenté un voyage imprévu en Guadeloupe, marquant ainsi une fin de règne caractérisée par l'ironie et l'absurde. Les promesses de rétablissement de la sécurité n'ont jamais été concrétisées, et la lutte contre les gangs reste un défi insurmontable.

Voici le résumé du bilan dressé par André Michel concernant le règne de Lesly Voltaire et du CPT : celui d'un échec cuisant. Donc, une confiscation de l'État, une corruption sans précédent et une dégradation de la sécurité qui a plongé Haïti dans un chaos sans nom.

Les Haïtiens, fatigués et désillusionnés, attendent plus que jamais des actions concrètes pour restaurer la paix et la dignité dans leur pays. La position de l’avocat reste ferme : pas de dialogue, pas de négociation avec les gangs.

Fritz Laventure