Lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies mercredi, la Russie et la Chine ont affiché une opposition catégorique à la transformation de la force multinationale dirigée par le Kenya en Haïti en une mission officielle de maintien de la paix sous l’égide de l’ONU. Ce refus intervient alors que la situation sur le terrain se détériore rapidement, les gangs armés contrôlant environ 85 % de Port-au-Prince et continuant leur expansion dans les régions environnantes. Des incidents récents, notamment des tirs sur des avions et des attaques dans des quartiers cossus comme Pétion-Ville, ont souligné l'urgence de renforcer les moyens de sécurité dans le pays.
Pour Pékin et Moscou, cette transformation est prématurée. Selon l’ambassadeur adjoint de la Chine, Geng Shuang, il est illogique de parler de maintien de la paix alors qu’aucune paix n’a encore été rétablie. Il a critiqué la proposition américaine, affirmant qu’un tel plan risquerait de détourner l’attention des besoins immédiats de financement et de ressources pour la force multinationale déjà sur place. La Russie, de son côté, a exprimé des inquiétudes similaires, soulignant que le rôle des forces onusiennes n’est pas de combattre le crime urbain ni de stabiliser un État en crise profonde.
Les chiffres mettent en lumière le défi : bien que la force multinationale doive compter 2 500 policiers, seuls 430 sont actuellement déployés, provenant principalement du Kenya, avec de modestes contributions des Bahamas, du Belize et de la Jamaïque. En parallèle, le fonds fiduciaire de l’ONU censé financer cette mission est gravement sous-financé, avec un déficit de plusieurs centaines de millions de dollars. Les États-Unis, qui ont promis 300 millions de dollars, ont exhorté les autres nations à intensifier leur soutien, mais cela reste insuffisant pour répondre aux besoins sur le terrain.
Malgré cette impasse, certains membres du Conseil, ainsi que des partenaires régionaux, soutiennent la transition vers une mission onusienne. Le Kenya, à l’avant-garde de cette force, a souligné l’importance d’un déploiement renforcé et mieux équipé pour sécuriser des infrastructures essentielles comme le palais national et le port de la capitale. Cependant, ce soutien n’a pas suffi à convaincre Pékin et Moscou, qui continuent d’affirmer que les conditions actuelles ne permettent pas une intervention de type maintien de la paix.
PLR
Radio Amitié 104.7 FM
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