La ministre des Affaires étrangères et des Cultes, Dominique Dupuy, a vigoureusement condamné ce lundi les récentes déportations massives d'Haïtiens en République dominicaine, qualifiant ces actions de « brutalités qui violent la dignité humaine ». Les scènes de rafles orchestrées par les autorités dominicaines soulèvent l'indignation en Haïti, où elles sont perçues comme un affront à la dignité humaine et une violation flagrante des normes internationales en matière de droits de l'homme.
« Cette politique migratoire du gouvernement dominicain contrevient aux normes internationales en matière de droits humains ainsi qu'à l'impératif du respect de la dignité humaine », a déclaré Dominique Dupuy, exigeant le respect et la justice pour les victimes. Selon elle, les expulsions massives d'Haïtiens, souvent conduites sans considération pour les droits fondamentaux des personnes concernées, sont inacceptables.
Cette réaction intervient après une manifestation organisée le 27 septembre à Santo Domingo par des groupes extrémistes, exigeant l'expulsion des Haïtiens de la République dominicaine. Ces extrémistes ont même menacé de prendre des mesures radicales si le gouvernement n'agissait pas rapidement. Ce contexte tendu est aggravé par l'annonce des autorités dominicaines, qui ont promis le 2 octobre d'expulser 10 000 Haïtiens sans papiers chaque semaine, marquant une intensification de la politique migratoire restrictive du président Luis Abinader.
Depuis son accession au pouvoir en 2020, le président Abinader a durci sa politique migratoire, renforçant la sécurité aux frontières par la construction d'un mur de 164 km, tout en multipliant les expulsions. Rien qu'en 2023, plus de 250 000 Haïtiens sans papiers ont été contraints de quitter la République dominicaine. Les tensions se sont exacerbées, et la stigmatisation des ressortissants haïtiens sur le territoire dominicain continue de nourrir un climat de xénophobie croissant.
Les statistiques illustrent la complexité de la situation. Actuellement, 5 % de la population carcérale dominicaine est constituée de ressortissants haïtiens, représentant 80 % des étrangers détenus, accusés de divers crimes. À la prison de La Victoria, la plus grande en République dominicaine, 338 Haïtiens sont actuellement incarcérés, souvent dans des conditions précaires. Cela témoigne de la criminalisation systématique de la communauté haïtienne dans ce pays.
Face à cette situation alarmante, Dominique Dupuy a pris l'initiative de s'entretenir avec son homologue dominicain et a alerté les instances internationales sur les violations des droits de l'homme en cours. Le gouvernement haïtien, affirme-t-elle, poursuit ses efforts pour assurer un retour digne aux expulsés, malgré les défis logistiques et humanitaires que cela représente.
Pour Haïti, cette situation n'est pas seulement une question de politique migratoire, mais une question fondamentale de respect de la dignité humaine. « Nous condamnons fermement ces actes déshumanisants », a martelé Dominique Dupuy, rappelant que le peuple haïtien a droit au respect et à la justice.
Alors que le débat international autour de la migration et des droits humains se poursuit, Haïti, soutenu par plusieurs organisations telles que l'IOM (Organisation internationale pour les migrations) et le GARR (Groupe d'Appui aux Rapatriés et Réfugiés), reste déterminé à défendre les droits de ses citoyens, tant sur son territoire qu'au-delà de ses frontières.
PLR
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